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Dark Matter
2019
Cette série cherche à interroger la matérialité de la photographie numérique, allant pour cela à l’encontre de sa définition même comme écriture de la lumière. Le procédé consiste ici à s’affranchir des opérations techniques fondamentales caractéristiques de la prise de vue (cadrage, composition, réglage de mise au point, temps de pose) en réduisant l’intervention de l’opérateur au minimum, réactivant au passage le mythe de la genèse automatique de l’image photographique.
C'est alors l'appareil seul qui crée l'image, au moyen d'une exposition déclenchée automatiquement à sa mise sous tension, dans le noir complet, et à laquelle il mettra fin de lui-même quelques heures plus tard, une fois sa batterie déchargée. Faute d’information lumineuse, le capteur électronique n’enregistre ainsi qu’un signal parasite résiduel, générant une photographie entièrement composée de bruit numérique. Certaines zones de celle-ci sont ensuite sélectionnées aléatoirement par un programme informatique puis automatiquement agrandies à la taille et à la résolution de l'image d’origine. Dénuées de toute intentionnalité, les photographies ainsi produites abolissent toute référence au réel et à sa représentation. Sortes de phosphènes numériques, elles révèlent la substance iconique propre aux photographies digitales.
Le titre Dark Matter fait référence à la matière noire cosmique en tant qu’allégorie humoristique de l'ontologie photographique, dont elle partage les caractéristiques : de nature toujours inconnue à ce jour malgré l'abondante littérature produite à son sujet.
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